Le CRM des inscrits aux MOOCs reste à inventer …

Lundi 23 et Mardi 24 , dans les locaux du CNAM, se sont déroulées les journées pédagogiques de la Société Informatique de France (SIF) sur le »Thème Informatique et MOOC ». L’occasion avant l’été d’établir le bilan de la 1 ère année universitaire des MOOCs français.

Informatique et MOOC journées de la SIF

Rappelons que le phénomène des Massive Open Online Courses est très récent, et qu’à part quelques exceptions notables comme le MOOC gestion de Projet animé Par Rémi Bachelet ( Ecole Centrale de Lille), et le MOOC Internet Tout y est Pour Apprendre (ITyPA) de Jean Marie Gilliot (Mines Telecom), il a fallu la création de la plate forme France Université Numérique (FUN) pour voir se construire une offre digne de l’enseignement supérieur français. Au total on peut considérer que d’octobre à juin une quarantaine de MOOC bénéficiant de la caution d’universités ou de grandes écoles ont eu lieu. La plupart seront reconduits l’année prochaine, ce qui prouve qu’ils ont atteint leurs objectifs et trouvé leur public.

  • Les chiffres de France Université  Numérique 

Si la plateforme FUN avec ses 298 000 inscrits à fin juin est loin des 8 millions de Coursera elle constitue le premier échantillon à grande échelle permettant de tirer quelques enseignements sur les inscrits. Catherine Mongenet, chargée de mission FUN  a pu devant l’auditoire livrer des chiffres  :

  • 164 000 comptes FUN ont été crée. Un inscrit a donc suivi en moyenne à 1,8 MOOC
  • 9 600 inscrits en moyenne par MOOC
  • 36 000 inscrits sur le MOOC le plus populaire (« du manageur au leader » du CNAM)

Des chiffres en nombre de visiteurs  et d’inscrits qui peuvent impressionner si on les compare à un cours en présentiel, mais qui représentent  des volumétries similaires à celles de nombreux sites internet et de leurs communautés.

  • Le défi de la masse 

Appréhender cette foule virtuelle, est un véritable défi pour qui n’a été confronté qu’a des classes ou des amphis. Plus de droit à l’erreur.  Si  une imprécision ou une erreur pouvait passer inaperçue dans un cours en présentiel, il est presque certain qu’elle sera relevée , commentée et diffusée sur les réseaux sociaux par l’un des milliers de participants au MOOC. Si en moyenne 10% des élèves sont actifs en classe, cela ne représentera que quelques individus à gérer et  avec qui dialoguer. Mais 10 % de plusieurs milliers de participants, cela se concrétise par des centaines de questions, réactions et avis sur le cours. Il ne s’agit plus d’animer une classe mais une communauté. Les intervenants de ces deux journées s’accordent à dire que les plateformes actuelles (EdX, Coursera, Canvas) sont pauvres en fonctionnalités communautaires (gestion et modération des forums, gestion de mailing listes). Ce que  je ne peux que confirmer pour avoir participé en tant qu’apprenant à plusieurs Massive Open Online Courses de ce crû 2014. Les outils qui existent déjà dans les Content Management Systems (CMS) des sites internet et e-commerce, devraient rapidement  être adoptés  par les plateformes pour offrir un meilleur service tant aux concepteurs de MOOCs qu’aux apprenants. Après le Community management, les enseignants vont donc découvrir le CRM ( Consumer Relationship Managment). Le nombre de MOOCs proposés ayant vocation à croître rapidement, les quantités d’inscrits par MOOC devraient diminuer avec la nécessité  pour ceux  qui les proposent de fidéliser les apprenants. La fidélisation c’est la capacité de proposer à sa base d’inscrits des cours ou prestations complémentaires (modules additifs,e-books, conférences) plusieurs mois ou  années après le déroulement du MOOC.

  • L’application des systèmes complexes aux MOOCs

Lors de la deuxième journée, Pierre Collet de l’Université de Strasbourg est venu présenté ses travaux intitulés « Personalised Open Education for the Masses » (POEM) sur l’application aux MOOC des systèmes complexes avec l’objectif  d’une Éducation 4 P, c’est à dire Participative, Prédictive, Préventive, Personnalisée. En reprenant l’exemple des fourmis qui finissent par adopter le chemin le plus court , lui et son équipe démontrent que sur un MOOC découpé en 180 vidéos présentées de manière déstructurées, la masse d’apprenant va par l’expérience du cours et le visionnage des vidéos reproduire un chemin d’apprentissage qui constituera le parcours le plus efficace pour l’apprenant.

  • L’étudiant va prendre le pouvoir 

L’effet de masse renverse aussi le rapport de force entre l’étudiant et l’institution, université ou grande école. En effet les MOOCs sont aujourd’hui principalement jugés au nombre d’inscrits et non à la qualité de ceux-ci. L’ offre de formation en libre accès va intensifier la concurrence,  ce sont les apprenants qui donneront des avis et des notes sur les MOOCs comme ils le font déjà pour les sites e-commerces dont ils sont clients. Ce ne seront plus les institutions universités ou grandes écoles qui sélectionneront leurs étudiants, mais ces derniers qui sélectionneront leurs MOOCs et assureront la renommée et le rayonnement des universités, voire la viabilité économique pour les grandes et petites écoles privées. Avec l’effet de masse, l’étudiant va prendre le pouvoir …

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