Le 1er MOOC d’AgroParisTech : un partenariat réussi entre milieu académique et professionnels du marketing.

AgroParisTech

 Le MOOC Les nouveaux challenges du marketing de la grande consommation d’AgroParisTech vient de se terminer après 6 semaines de cours. Rarement un MOOC n’aura autant impliqué  le monde professionnel dans sa conception et sa pédagogie.

Au fil des semaines, des responsables  marketing en activité chez  l’Oréal, le groupe Mondelez (Lu, Carambar), deux instituts d’étude renommés (BVA, Emnos) et le distributeur E.LECLERC, sont venus enseigner devant la caméra.

Le résultat est un MOOC très agréable à suivre avec des exemples et cas d’étude illustrés par des vidéos de grande qualité et de nombreuses ressources pédagogiques consultables sur l’état de l’art.

Alors que les professionnels du marketing se recrutent majoritairement à la sortie des plus prestigieuses écoles de commerce (HEC, ESSEC, ESCP) on aurait pu s’attendre à ce que ce Massive Open On Line Course soit produit par l’une d’elle, mais c’est bien AgroParisTech qui les a devancées en pré-emptant cette thématique du marketing grande consommation jusque-là non traité par un MOOC francophone.

Cela nous a donné l’envie d’en savoir plus en interviewant David Nahon Maître de Conférences à AgroParisTech ,  concepteur et responsable de ce MOOC.

Maître de Conférences à AgroParisTech

David Nahon

Bonjour David, pouvez-vous rapidement vous présenter, ainsi que votre établissement (AgroParisTech) ?

Bonjour Eric. Je suis enseignant chercheur à AgroParisTech où je co-dirige l’UFR Economie et Gestion de l’Entreprise. J’enseigne le marketing, avec des centres d’intérêt liés à l’innovation, et à l’économie comportementale notamment.

Pour ce qui est de l’école, AgroParisTech est considéré comme l’établissement supérieur « leader » dans les sciences du vivant. AgroParisTech s’est assigné six grands domaines de compétences parmi lesquels la transformation agro-industrielle, les biotechnologies, la distribution et l’ensemble des services accompagnant l’acte de production et de commercialisation. De manière plus générale, tout ce qui touche à l’alimentation des hommes et les préoccupations nutritionnelles, la santé, la prévention des risques sanitaires, la protection de l’environnement, la gestion durable des ressources naturelles, sont au coeur de la mission d’AgroParisTech.

Votre établissement diffusait déjà des Podcast, comment le MOOC s’inscrit t-il dans la stratégie de diffusion des savoirs de votre école ?

L’opportunité de se positionner sur la plateforme France Université Numérique nous a permis de toucher rapidement beaucoup de monde sur une thématique qui sort du champ traditionnel de ce que l’école propose en podcast, donc d’élargir notre audience, à la fois quantitativement mais également en termes de profils d’apprenants.

Sauf erreur, ce MOOC est le premier réalisé par votre établissement, pourquoi avoir choisi cette thématique que l’on s’attendait plutôt à voir traitée par une grande école de commerce ? 

C’est effectivement le 1er MOOC porté par l’établissement. Nous n’avions pas encore de stratégie arrêtée sur ce type de projet et cette initiative est plutôt d’ordre personnel. Je pense qu’elle aura des retombées favorables pour l’école, ne serait-ce qu’en termes de notoriété et j’espère un effet d’entraînement pour que d’autres EC se lancent dans l’exercice, comme c’est déjà le cas sur FUN et même Coursera pour les grandes écoles d’ingénieurs françaises.

En ce qui concerne le choix thématique, il vient en partie combler un manque de notoriété sur ce que nous faisons en gestion à l’école, où nous disposons d’un département conséquent sur l’ensemble des disciplines du domaine. Outre le marketing, la stratégie, la finance (de marché et d’entreprise), le contrôle de gestion, la gestion industrielle, le droit des affaires, le calcul économique et l’analyse de données (au travers de projets big data), ainsi que toutes les questions transversales liées à ces disciplines dans le domaine de l’innovation, sont traitées dès la 2ème année et dans les différents Masters dans le domaine de la gestion proposés à nos étudiants de 3ème année. C’est notamment le cas dans celui que mes collègues et moi encadrons, Economie et Gestion de l’Entreprise (EGE).

De plus en plus de grandes entreprises ne s’y trompent d’ailleurs pas en développant des partenariats avec nous qui leur permettent de recruter nos étudiants sur des fonctions marketing au même titre que ceux des grandes écoles de commerce. A titre d’exemple, AgroParisTech par le biais de notre Master EGE est la seule école partenaire de l’Oreal aux côtés des 9 meilleures écoles de commerce françaises pour son challenge mondial Brandstorm lié au marketing de l’innovation.

Nous avons la chance d’avoir des étudiants qui savent valoriser ce double profil auprès des entreprises, à la fois ce socle scientifique qui constitue leur culture commune –et à laquelle nous tenons car c’est ce qui leur confère un avantage par rapport aux étudiants d’écoles de commerce -, et cette dimension managériale qu’ils développent dès leur 2ème année puis dans le choix de leur Master en 3ème et dernière année.

Alors que jusqu’ici peu de MOOC intègrent  le témoignage de professionnels, et essentiellement sous forme d’interview, dans le vôtre des directeurs marketing enseignent devant la caméra. Comment cela s’est- il construit ?

Le choix s’est imposé de lui-même pour une raison simple :

Le Master EGE est construit autour d’un parti pris,  celui d’une année pré-professionnelle dont le but est d’amener les étudiants à être le plus rapidement possible opérationnels en entreprise. De ce fait, l’ensemble des projets « académiques » que nous leur proposons, émanent de professionnels, pour lesquels les attentes lors des restitutions, qui ont généralement lieu au sein même des entreprises, sont élevées. Encore une fois, la qualité de nos étudiants rend cette approche pédagogique possible. Nos relations avec les entreprises sont donc continues tout au long de l’année et pérennes au fil du temps. Les associer à ce MOOC était donc la suite logique de notre travail collaboratif. Les liens amicaux que j’entretiens avec les intervenants ont sans doute facilité les choses également.

Comment ces sociétés ont-elles été associées au projet ?

J’ai contacté individuellement chacun des membres de l’équipe pour leur présenter le projet. J’ai à la fois sollicité des anciens étudiants passés par EGE et ayant suffisamment d’expérience pour apporter leur valeur ajoutée, ainsi que des professionnels avec lesquels nous avons l’habitude de travailler. Tous ont été enthousiastes et les sociétés auxquelles ils appartiennent ont donné leur feu vert et accepté de jouer le jeu.

L’ont-elles financé ?

Il n’y a pas eu de financement direct mais une mise à disposition de ressources pour certaines d’entre elles. C’est notamment le cas de BVA, qui a proposé dès le départ par l’intermédiaire de son directeur de l’innovation Richard Bordenave, de mettre à notre disposition leur studio d’enregistrement. BVA est donc partenaire de ce MOOC, la qualité des videos proposées et soulignée par de nombreux apprenants du MOOC leur doit beaucoup. Ce fut un bel exemple de collaboration avec la cellule TICE d’AgroParisTech pour tout ce qui a touché à la dimension technique du MOOC.

Réutiliseront-elles ce MOOC en tout ou partie pour leur besoin interne (communication, formation) ?

Elles pourront le faire en effet et certaines ré-utiliseront les contenus qu’elles ont réalisés. Elles ont pris conscience au fur et à mesure de l’avancée du projet et notamment vis-à-vis de leurs clients, que le MOOC constituait à la fois un outil en termes de contenu, de formation, mais également de communication, en interne d’une part mais aussi vis à  vis des partenaires de leur entreprise.

A vu des nombreux intervenants d’horizons divers, comment s’est passée la coordination pédagogique ?

Très facilement. La plus grande difficulté était de constituer dès le départ une « Dream team » dont je savais que les profils pourraient facilement s’accorder. Pas du point de vue des compétences sur lesquelles il n’y avait pas de doute, mais de celui de l’entente entre les personnes. Il n’y a eu aucun grain de sable, ce fut un bonheur de travailler et d’échanger tous ensemble lors des sessions de travail collectives. En clin d’œil au cas Nespresso traité d’ailleurs dans le MOOC, je me suis modestement imprégné de la façon de procéder de Georges Clooney dans Ocean 11 :  Je devais monter une équipe, j’étais le seul à les connaître tous, mais une fois que tout le monde a été rassemblé, je savais que cela fonctionnerait. Un marketeur vous dirait : « The right persons, at the right time, at the right place. »

Coté animation vous n’avez pas prévu de vidéo conférence/Hang-out et avez privilégié les forums, pourquoi ?

Nous en avions prévu au départ, tout autant que des modes d’évaluation plus riches en contenu. Ce sont principalement des questions de disponibilités temps qui nous ont limités à des sessions sur le forum. Nous savons que c’est l’un des points sur lesquels nous pouvons progresser, mais il y en a d’autres !

Allez vous utiliser ce MOOC dans l’enseignement d’ AgroParisTech ?

Oui probablement. Nous sommes en train de réfléchir à la façon dont nous pourrons valoriser ce contenu pour nos étudiants dès l’an prochain. Nous ne pensons pas que le format MOOC soit la panacée absolue ni que son objectif soit de remplacer le prof en présentiel, mais il constitue sans aucun doute un outil d’enseignement complémentaire très riche, notamment vis-à-vis des générations d’étudiants qui arrivent dans nos amphis aujourd’hui et pour lesquels l’outil numérique est une évidence. Si vous ne variez pas vos outils  pédagogiques pendant un cours, il faut le charisme de Jack Nicholson pour conserver durant 2 ou 3 heures (format standard d’un cours) l’attention de votre auditoire. Je compte sur les doigts d’une main amputée ceux d’entre nous qui en sont capables.

Si oui comment ?

Nous utilisons déjà ponctuellement en EGE le principe de la classe inversée. Nous nous appuierons peut-être sur certaines videos pour renforcer ce principe de temps en temps, mais là encore, c’est plutôt la variété et la richesse de la palette des options de cours disponibles qui nous semblent primordiales. Si cela peut rendre le cours plus interactif alors c’est une avancée.

Pouvez vous  déjà nous donner des chiffres concernant les inscriptions et la participation à cette première édition ?

Nous avons eu 5 000 inscrits sur ce MOOC ce qui est un chiffre appréciable pour un 1er MOOC AgroParisTech.

Concernant la participation, nous aurions aimé un peu plus d’échanges sur le forum, mais cela tient aussi au temps que nous avons pu y accorder. C’est certainement un des points sur lesquels nous pourrons travailler pour un prochain MOOC.

En moyenne, environ 10% des inscrits à un MOOC le suivent jusqu’au bout. Les premiers retours que nous avons montrent que nous sommes plutôt aux alentours de 25% sur le nôtre, ce qui est très encourageant et signe d’un niveau d’intérêt global élevé.

Nous sommes donc plutôt contents de cette première réalisation.

En avez-vous d’ores et déjà programmé d’autres ?   

Celui-ci se termine à peine. Nous avons d’ores et déjà été sollicités par d’autres acteurs professionnels pour en monter un autre sur une thématique liant marketing et Responsabilité Sociale des Entreprises. Nous allons y réfléchir afin de voir sous quelle forme donner suite.

Pensez-vous proposer une version en langue anglaise ?

Nous le souhaiterions en effet. Nous l’avions d’ailleurs envisagé au départ pour celui-ci. Ce sont là encore des contraintes de temps qui nous en ont empêchés.

Dans les prochains mois, prévoyez vous des MOOC sur d’autres sujets ?

Peut-être un liant marketing et RSE comme je viens de l’évoquer. Là encore, il se ferait à partir d’exemples concrets développés par les entreprises. Nous avons une large base de données sur le sujet. Nous vous donnons rendez-vous pour l’évoquer sur votre blog dès qu’il sera prêt !

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